Un "Mot" sur les dents afin d'éviter les "Maux"
LES PETITS SOUCIS DENTAIRES DU QUOTIDIEN NE NOUS LÂCHENT PAS SOUS L’EAU, ET AURAIENT MÊME TENDANCE À EN RAJOUTER.
La plupart des problèmes dentaires liés à la plongée surviennent sur des dents déjà lésées ou traitées, qui vont se réveiller sous l’effet des variations de pression. Lors de la descente, la pression peut “écraser” la pulpe dentaire de façon extrêmement douloureuse, lorsqu’il existe une carie perforante ou une dent obturée par un amalgame dentaire un peu mobile. On a décrit des fissurations ou des implosions dentaires sous l’effet de l’enfoncement de l’amalgame. Les douleurs s’estompent le plus souvent à la remontée, mais une visite chez l’homme - ou la femme - de l’art s’impose, l’hyperpression favorisant la dissémination de l’inflammation ou de l’infection vers l’intérieur de la dent.
Des petites bulles bien cachées
Ces réactions peuvent entraîner une arthrite alvéolo-dentaire (inflammation autour de la dent) ou la survenue d’un abcès. Les douleurs sont encore plus fréquentes lors de la remontée, avec l’augmentation des volumes gazeux. Or il existe de nombreux endroits où peuvent se nicher des bulles : cavité de carie avec un petit pertuis, récidive de carie sous une obturation, espaces inter-dentaires ou sous les gencives, canal dentaire imparfaitement obturé, y compris dans les matériaux de reconstitution qui contiennent de multiples micro-bulles. L’air emprisonné va comprimer la pulpe, avec des douleurs de plus en plus fortes à la remontée, voire en cas d’obturation provoquer l’expulsion de l’amalgame ou la fracture de la dent. Le risque de fracture ou d’implosion dentaire à la descente, ou à la remontée, semble en fait assez rare, et il s’agit le plus souvent d’expulsions de matériau, de descellement d’obturation ou de couronnes.
Il faut redescendre jusqu’à ce que la douleur se calme, puis reprendre une remontée très douce pour faciliter l’évacuation progressive de la poche d’air, et surtout prendre garde à ne pas avaler ou pire inhaler des débris de dents ou de matériau. D’autre part, il n’est pas toujours facile de distinguer l’origine dentaire ou sinusienne, d’autant qu’une pathologie dentaire peut être responsable d’une sinusite. Ainsi, un élancement pouvant passer pour une otite peut aussi provenir d’un problème sur une dent de sagesse ou ses voisines immédiates.
En dehors de ces barotraumatismes, l’air froid respiré via le détendeur peut créer des douleurs liées à la sensibilité de gencives fragiles, d’un collet dénudé sur une dent déchaussée, d’une carie, d’altérations de l’émail ou d’une dent obturée par un amalgame métallique.
La Prévention
Une visite au moins annuelle, idéalement deux fois par an et avant tout séjour plongée, devrait s’imposer. Le dentiste est le mieux placé pour vérifier l’état des prothèses dentaires, leur risque de descellement ou de fracture, évaluer la vitalité dentaire, rechercher une mobilité dentaire anormale, une hypersensibilité au froid, une carie débutante ou une récidive de carie au niveau d’une dent déjà traitée, des lésions gingivales, et pratiquer des radiographies ou demander un panoramique dentaire. On lui signalera bien entendu la pratique de la plongée, qui peut influencer son examen et le type de soins. Il est évident qu’il faut maintenir une bonne hygiène dentaire, mais sans tomber dans l’excès des bains de bouche quotidiens.
Contre-indications
Extraction dentaire : évitez de plonger jusqu’à la cicatrisation complète, soit environ dix jours en l’absence de complications. On sera d’autant plus vigilant lorsque l’extraction concerne une dent du haut, avec le risque d’une communication bucco-sinusienne (risque de passage d’air vers le sinus).
Prothèses dentaires : théoriquement, les prothèses amovibles doivent être ôtées pour la plongée, mais c’est à discuter si la prothèse concerne plusieurs dents, est de bonne qualité et parfaitement adaptée. On conseille aux plongeurs de privilégier les prothèses fixes de type bridge ou couronne. À condition de vérifier leur résistance et leur stabilité.
Appareil d’orthodontie : pas de contre-indication si l’appareil est bien supporté, n’entraîne pas de blessures muqueuses ni d’inflammation.
Implant dentaire : il n'y a pas de problèmes particuliers si l’implant est bien toléré. Au contraire, ce montage dit “ostéo-intégré” est plus stable qu’une prothèse fixe ou qu’un amalgame, même si on ne peut écarter tout risque de descellement. Néanmoins, la phase suivant l’implantation dans l’os de la vis est une étape délicate, avec risque de rejet et de complications. Il est préférable d’attendre la cicatrisation de la muqueuse et de surseoir quelques semaines à la plongée, pour éviter problèmes d’hypoxie tissulaire et d’hyper-pression à ce niveau.
Texte Dr Maia Bovard-Gouffrant